Ceci est mon premier OS, totalement inspiré d'une oeuvre que j'adore, Orgueil et Préjugés. J'y ait mélangé les caractères des personnages de Fairy Tail avec ceux des personnages de Jane Austen. Cet OS est très long ! J'ai même hésité à en faire une fiction, c'est pourquoi j'ai mis des repères si jamais vous n'avez pas le temps de tout lire d'un coup. J'espère que le résultat vous plaira.
Bonne Lecture !
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Le bal
« C'est pour vous, et uniquement pour vous que je l'ai fait. Vous êtes trop généreuse pour vous jouer de ce que je ressens. Si vous avez gardé les mêmes sentiments qu'auparavant dites-le-moi. Mon affection et mon désir sont intacts. Mais un seul mot de vous suffira à me réduire au silence. Si vos sentiments envers moi ont changé, je dois vous dire que vous avez pris possession de tout mon être, et je vous aime. Et je ne veux plus jamais être séparé de vous. »
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Lucy Heartfilia referma son livre d'un coup sec en poussant un long soupir à fendre l'âme. Elle avait beau avoir lu ce livre une centaine de fois, la déclaration final de monsieur Darcy à Elizabeth Bennet ne manquait jamais de la faire chavirer. La blonde ferma doucement les yeux, laissant son imagination s'envoler avec plus d'intensité vers les collines verdoyante de Grande Bretagne. La silhouette sombre et intimidante du beau seigneur se profila avec plus de clarté devant ses paupières closes et elle l'observa sans retenu s'approcher d'un pas décidé de sa promise, simplement illuminé par les faibles lueurs d'un soleil matinal. Un amour platonique, pur et sincère comme il n'en existait que dans les livres.
Bien sûr, tout cela était bien trop beau pour être vrai; le bel et riche héritier tombant sous le charme de l'innocente jeune fille de basse condition et finit par lui demander sa main : c'était absurde. La réalité était beaucoup plus ennuyeuse; la belle jeune fille de basse condition est promise à son cousin pour assurer l'avenir de sa famille et pouvoir garder un toit sur la tête lorsque son père décédera.
Lucy laissa échapper un rire acerbe. Il ne fallait pas qu'elle se berce d'illusions, son avenir était tout tracé, depuis longtemps et l'amour n'y avait pas sa place. Elle ne pouvait vivre éternellement dans ses rêves car la réalité finissait toujours par s'imposer à elle avec brutalité.
L'image de ses deux soeurs cadettes lui traversa l'esprit. Leur ingénuité les rendait candides et insouciantes. Pour elles, l'amour rimait toujours avec l'arrivé d'un prince charmant et d'une vie paisible entourée de marmots adorables, une fin digne des contes de capes et d'épée que leur mère leur lisait plus jeune, juste avant de dormir. Leurs c½urs, innocents et espiègles, ne cessaient de succomber aux charmes des jeunes hommes de passage, changeant de proies aussi souvent que de toilette.
Un sourire tendre s'attarda sur ses lèvres serrées par l'amertume que lui évoquait cette conclusion. De son côté, il y avait longtemps qu'elle avait cessé de croire en l'amour. Elle ne pouvait plus se le permettre, plus depuis que ses parents avaient considérablement agrandit leur famille en adoptant ses trois jeunes s½urs. Lucy s'en souvenait comme si c'était hier...
Cela faisait tout juste huit ans que le maire avait fait irruption dans leur salon au plein milieu de la nuit, ses vieux vêtements rapiécés dégoulinant à grosse gouttes sur le tapis miteux. Dehors, l'orage battait son plein. C'est là que - sous les yeux ébahit de ses parents - il avait fait un pas de côté, découvrant trois enfants en bas âges agrippés les unes aux autres. Elles avaient toutes trois une chevelure aux reflets étrangement bleus et tremblaient de tous leurs membres, à cause de la pluie diluvienne qui tombait averse à l'extérieur, ainsi que la peur que leur prodiguaient tous ces visages inconnus qui les dévisageaient avec un mélange d'inquiétudes et de tristesses. Les deux plus jeunes, des jumelles, ne devaient pas avoir plus de cinq ans. La troisième quant à elle, était déjà dans sa huitième année.
Le maire leur avait alors expliqué qu'elles avaient été abandonnées dans la forêt qui longeait Magnolia, avec pour seul provision un morceau de pain sec et une coupole d'eau fermenté. Sans doute leurs parents étaient-ils trop pauvre pour les nourrirent, laissant aux loups la lourde tâche qu'ils n'avaient pu accomplir eux-mêmes. Le vieux sage les pria de les accueillir comme leurs propres filles, ou du moins, leur offrir un toit suffisamment longtemps pour qu'elles puissent atteindre la majorité sans embûche. La famille Heartfilia était la plus riche de la région, eux seuls pouvaient accueillir trois nouvelles bouches à nourrir sans risquer de ruiner définitivement leurs progénitures. Le père de Lucy accepta sans hésiter, faisant de ces trois inconnus ses nouvelles filles.
Le vent se leva sur la plaine, emportant les longs cheveux d'or de la jeune Heartfilia dans une danse effrénée qui emmêlèrent ses mèches devant son visage aux rondeurs encore un peu enfantine.
Lucy ferma les yeux, perdue dans ses réflexions. Elle savait pertinemment que le jour où elle devrait épouser son cousin arrivait à grand pas. Une fois que son père aurait trouvé un époux convenable à son aînée, Mirajane, plus rien ne l'empêcherai de se marier. La jeune fille redoutait l'instant où elle perdrait pour toujours sa liberté.
Le ciel commença à s'assombrir, plongeant sa cachette dans la pénombre. Lucy balaya ses idées noires et revêtit derechef son sourire bienveillant qu'elle s'évertuait à exhiber à toutes heures et en toute circonstance. Elle devait rentrer avant que la nuit ne tombe et se releva donc, non sans admirer une dernière fois le paysage qui l'entourait.
Lucy adorait se cacher au milieu des champs de blés, surtout lorsque ceux-ci n'avaient pas encore été fauchés par la moisson. Il n'y avait pas de meilleur endroit pour lire et s'éloigner de l'agitation constance et intarissable qui régnait dans leur domicile, souvent causé par ses jeunes s½urs qui se languissaient qu'une quelconque animation ne vienne perturber leur pauvre existence tranquille.
À contre c½ur, Lucy se décida à quitter son havre de paix et s'étira sans retenu, profitant des dernières lueurs de soleil qui se reflétaient sur ses joues rosies par la chaleur. Une envie soudaine la prit de dégourdir ses jambes restés trop longtemps inactif à cause de ses longues heures de lecture. Sans plus attendre, elle se mit à courir, enjambant les épis de blés et sautant par-dessus les petits rochers qui jonchaient la terre mal entretenue. Sans stopper sa course effrénée, Lucy relava le bas de sa robe de fortune et s'élança en direction de leur humble demeure dans un rire extatique qui lui brûlait la gorge. En chemin elle se prit les pieds dans son châle et tomba à la renverse dans la pente, l'entraînant dans un roulé-boulé infernal. Finalement elle arriva au pied de la colline hilare et recouverte de boue.
« Tu t'es encore mis dans de beaux draps Lucy, quand père verra l'état dans lequel est ta robe... »
Lucy n'avait pas remarqué son aînée qui s'était approchée silencieusement. Mirajane était penchée au-dessus d'elle, la cachant de la lumière du soleil avec ses longs cheveux argentés qui lui arrivaient au niveau de la taille. Ses yeux bleus aux couleurs de l'océan la dévisageaient avec intensité. La beauté de la blanche était à couper le souffle, si bien que Lucy en avait toujours ressentit une certaine jalousie, même si elle ne l'avouerait jamais. Le visage en triangle de Mirajane exprimait une grande douceur et sincérité, qualités auxquels elle ne faillait jamais.
« Allons Mira, profite donc de ce beau soleil, de cette liberté qui nous tend les bras ! »
Tout en disant cela, la blonde leva les bras vers le ciel, comme si elle voulait attraper le temps entre ses doigts. D'un bond, elle se mit debout et tournoya sur elle-même, s'imaginant que de simples mots pouvaient l'emporter loin, très loin et la soulager de ce poids qu'elle était lasse de devoir supporter.
Mirajane hésita, indécise devant le comportement inapproprié de sa cadette, puis finit par se prendre au jeu en partant dans grand éclat de rire. Ravis, Lucy attrapa la main de sa s½ur et l'entraîna avec elle jusque dans leur maison. Les deux jeunes filles firent irruption dans le petit salon étonnement calme et silencieux. Leur mère n'eut pas le temps de réprimander la blonde sur l'état dans lequel elle avait mis ses jupons que les deux s½urs grimpaient déjà l'escalier en colimaçon qui menait à leur chambre. Arrivées là, elles se jetèrent dans le lit à baldaquin qu'elles partageaient, sans arrêter leur excès d'hilarité. Lucy regarda alors Mirajane avec deux yeux pleins de malices avant de lui asséner un violent coup d'oreiller en pleine face. Celle-ci ne se fit pas prier pour répliquer et attaqua à son tour.
La bataille dura ainsi quelques minutes avant qu'elles ne s'arrêtent, à cour de projectile. Les plumes volaient au ralenti dans les airs avant de se poser délicatement sur le parquet ciré. Toujours aussi impulsive, Lucy se leva d'un bond et enjamba sa soeur allongée sur le lit.
« Je vais prendre un bain ! », cria-t-elle par-dessus son épaule.
« Et frotte bien ! », sourit la douce Mirajane, se retournant sur le ventre pour admirer, de par leur fenêtre, le soleil qui se couchait sur la plaine.
Lucy se prélassa avec bonheur dans cette eau encore fumante et si agréable qui pénétrait sa peau, détendant chacun de ses muscles un par un. Elle profita au maximum de ce moment de calme et de sérénité qu'elle affectionnait tant. L'eau chaude se faisait de plus en plus rare car leur famille manquait cruellement de bois pour le feu. Le prix de la bûche avait encore augmenté et leur père devenait trop vieux pour couper le bois tout seul.
La famille devait tous ses revenus mensuels à leur cousin, Luxus Draer. C'était lui qui était chargé de payer leur cuisiner personnel ainsi que leur bonne, Virgo. Il donnait suffisamment d'argent pour que la famille puisse manger à sa faim, trois repas par jours, et acheter de nouvelle robe quand celles-ci se faisaient trop vieilles. Cela s'expliquait par le faite que Luxus avait hérité de toute la fortune des Heartfilia. À la mort de leur père, Jude et Ivan Heartfilia, c'étaient tous deux rendus chez le notaire. Le père de Lucy pensait alors recevoir sa part d'héritage, mais il n'en fut rien. Le grand-père avait laissé l'intégralité de sa fortune, ainsi que ses terres, à son fils aîné, laissant le cadet sans un sous. À son tour, Ivan avait légué tous ses biens à son unique fils, Luxus. Jude ne s'était pas laissé abattre pour autant et avait monté sa propre entreprise. Malheureusement, celle-ci avait coulé depuis quelques années, obligeant le père de Lucy à demander une aide financière à son neveu.
L'eau chaude était donc un luxe qu'ils ne pouvaient pas se permettre. Mais la blonde n'avait rien à envier aux plus riches. Elle adorait ses s½urs, même si les deux dernières pouvaient parfois agir de manières très étranges et embarrassantes. Son père était un être taciturne et vieux jeu, mais heureusement son grand c½ur compensait tout le reste. lucy avait toujours eu une grande affinité avec lui et une confiance aveugle en son jugement. Sa mère, quant à elle, pouvait être parfois légèrement extravagante et surexcitée - surtout lorsqu'il s'agissait de leur trouver des maris - mais c'était une femme juste et honnête.
Lucy sortit de son bain et se prépara pour dîner. Après s'être habillée et coiffée, elle descendit les escaliers quatre à quatre jusqu'au salon, oubliant les bonnes manières et autre chichi qui devait faire d'elle une femme du monde respectable. Ses s½urs et ses parents étaient déjà attablés et avaient déjà commencés à entamer leur assiette. La blonde salua son père en déposant un délicat baisé sur sa joue mal rasé.
« Bonsoir père. »
Celui-ci lui répondit en pressant délicatement sa main sur son épaule.
« Bonsoir ma fille. »
La jeune fille sautilla jusqu'à sa chaise et prit place aux côtés de Mirajane.
« Bon maintenant que vous êtes toutes là... Tu pourrais leur annoncer la bonne nouvelle, tu ne crois pas Jude...? »
Madame Heartfilia était une femme d'un certain âge et de petite taille aux traits des plus singuliers. Les gens étaient souvent étonnés du contraste qui l'opposait à ses filles et chacun se demandait comment il avait pu en résulter de si sublime créature. Car oui, les soeurs Heartfilia étaient connues dans tout le pays pour leur grâce et leur beauté naturelle.
Ses bras potelés étaient posés sur la table de part et d'autre de son assiette. Elle semblait agitée et attendait impatiemment que son mari prenne la parole. Malheureusement pour elle, celui-ci ne semblait pas partager son enthousiasme.
« Hum... », répondit-il les yeux baissés devant son assiette. Il s'essuya la bouche d'un air pensif.
« Dis-nous père, j'ai hâte de connaître cette nouvelle ! »
L'une des deux jumelles, Juvia, se dandinait sur chaise prise d'une soudaine excitation.
« Oui père, racontes-nous tout ! »
Wendy, la deuxième des jumelles, se trouvait dans le même état que sa soeur, des coeurs jaillissant de ses prunelles chocolat.
Reby, la troisième des adoptées, ne prit pas même la peine de lever les yeux de son ouvrage. Il y avait bien longtemps que les crises d'hystéries de ses deux cadettes ne l'intéressaient plus. Elle préférait amplement la compagnie des livres à celle des hommes. Cet attrait pour la littérature l'avait rapproché de Lucy, étant toutes deux des mordus de lecture, elles passaient souvent de longues heures ensemble à discuter de leur impression sur tels ou tels romans d'aventures.
Mira et Lucy échangèrent un sourire complice devant cette scène burlesque. Leur mère et leurs deux jeunes s½urs étaient au comble de l'impatience tandis que leur père se tamponnait tranquillement la bouche de sa serviette, l'air désespéré et terriblement ennuyé. Les deux jeunes filles savaient d'avance à quel genre de nouvelle, il fallait s'attendre vu l'enthousiasme général. Toute cette agitation ne pouvait signifier qu'une chose, l'arrivé d'un bon parti à Magnolia.
« Bon. Si vous insistez. », Commençât-il, mais il n'eut pas le temps de finir car leur mère lui avait déjà coupé la parole.
« Le seigneur Fullbuster est à Magnolia et sa famille organise un bal au manoir dans l'espoir de trouver une jeune fille pour l'épouser ! »
Sa dernière phrase fut noyée dans un véritable cri d'hystérie de la part de Juvia et Wendy qui sautillaient sur place au comble de l'euphorie.
C'était prévisible...
« Et que fait cet honorable Fullbuster à Magnolia ? », demanda Lucy non sans une once d'ironie.
« Apparemment, il serait en compagnie de ses meilleurs amis. Il est venu chercher un peu de tranquillités à la campagne. Mais d'après ma source, il serait à la recherche d'une jeune fille à marier ! »
« Et ce Fullbuster, est-il... Agréable à regarder ? », s'enquit Mirajane le rose aux joues.
« Évidement ! Un homme de sa trempe ne peut être que séduisant, et puis je suis sûr qu'il te trouvera à son goût. Quel jeune homme ne tomberait pas sous ton charme ? Oh, mon chéri, c'est merveilleux, il faut absolument que nos filles participent à ce bal ! »
Madame Heartfilia était au comble de l'extase pour le plus grand malheur de son mari.
« Hum, si vous le dites... »
« Allons Papa, je t'en priiiiiiiis ! », supplièrent les deux jumelles hystériques.
« Après tout, ça peut être amusant », répliqua la blonde d'un ton désinvolte en enfourchant sa fourchette dans sa bouche. Elle jeta une oeillade en coin à Mirajane, laquelle n'avait pas encore dérougit.
Jude Heartfilia lança un regard désapprobateur à sa fille. Il lui en voulait de ne pas prendre son parti dans cette histoire. Elle savait pourtant qu'il détestait se montrer en public.
« Bon, pourquoi pas. Il faut bien se montrer au monde, de temps en temps... »
« MERCI PAPA ! », s'exclamèrent de bon coeur les jumelles en se jetant au cou de leur père.
Celui-ci, prit par surprise, bascula sous leur poids, sa serviette toujours à la main. C'est dans de grands éclats de rire que la petite famille finit de dîner.
Bien sûr, tout cela était bien trop beau pour être vrai; le bel et riche héritier tombant sous le charme de l'innocente jeune fille de basse condition et finit par lui demander sa main : c'était absurde. La réalité était beaucoup plus ennuyeuse; la belle jeune fille de basse condition est promise à son cousin pour assurer l'avenir de sa famille et pouvoir garder un toit sur la tête lorsque son père décédera.
Lucy laissa échapper un rire acerbe. Il ne fallait pas qu'elle se berce d'illusions, son avenir était tout tracé, depuis longtemps et l'amour n'y avait pas sa place. Elle ne pouvait vivre éternellement dans ses rêves car la réalité finissait toujours par s'imposer à elle avec brutalité.
L'image de ses deux soeurs cadettes lui traversa l'esprit. Leur ingénuité les rendait candides et insouciantes. Pour elles, l'amour rimait toujours avec l'arrivé d'un prince charmant et d'une vie paisible entourée de marmots adorables, une fin digne des contes de capes et d'épée que leur mère leur lisait plus jeune, juste avant de dormir. Leurs c½urs, innocents et espiègles, ne cessaient de succomber aux charmes des jeunes hommes de passage, changeant de proies aussi souvent que de toilette.
Un sourire tendre s'attarda sur ses lèvres serrées par l'amertume que lui évoquait cette conclusion. De son côté, il y avait longtemps qu'elle avait cessé de croire en l'amour. Elle ne pouvait plus se le permettre, plus depuis que ses parents avaient considérablement agrandit leur famille en adoptant ses trois jeunes s½urs. Lucy s'en souvenait comme si c'était hier...
Cela faisait tout juste huit ans que le maire avait fait irruption dans leur salon au plein milieu de la nuit, ses vieux vêtements rapiécés dégoulinant à grosse gouttes sur le tapis miteux. Dehors, l'orage battait son plein. C'est là que - sous les yeux ébahit de ses parents - il avait fait un pas de côté, découvrant trois enfants en bas âges agrippés les unes aux autres. Elles avaient toutes trois une chevelure aux reflets étrangement bleus et tremblaient de tous leurs membres, à cause de la pluie diluvienne qui tombait averse à l'extérieur, ainsi que la peur que leur prodiguaient tous ces visages inconnus qui les dévisageaient avec un mélange d'inquiétudes et de tristesses. Les deux plus jeunes, des jumelles, ne devaient pas avoir plus de cinq ans. La troisième quant à elle, était déjà dans sa huitième année.
Le maire leur avait alors expliqué qu'elles avaient été abandonnées dans la forêt qui longeait Magnolia, avec pour seul provision un morceau de pain sec et une coupole d'eau fermenté. Sans doute leurs parents étaient-ils trop pauvre pour les nourrirent, laissant aux loups la lourde tâche qu'ils n'avaient pu accomplir eux-mêmes. Le vieux sage les pria de les accueillir comme leurs propres filles, ou du moins, leur offrir un toit suffisamment longtemps pour qu'elles puissent atteindre la majorité sans embûche. La famille Heartfilia était la plus riche de la région, eux seuls pouvaient accueillir trois nouvelles bouches à nourrir sans risquer de ruiner définitivement leurs progénitures. Le père de Lucy accepta sans hésiter, faisant de ces trois inconnus ses nouvelles filles.
Le vent se leva sur la plaine, emportant les longs cheveux d'or de la jeune Heartfilia dans une danse effrénée qui emmêlèrent ses mèches devant son visage aux rondeurs encore un peu enfantine.
Lucy ferma les yeux, perdue dans ses réflexions. Elle savait pertinemment que le jour où elle devrait épouser son cousin arrivait à grand pas. Une fois que son père aurait trouvé un époux convenable à son aînée, Mirajane, plus rien ne l'empêcherai de se marier. La jeune fille redoutait l'instant où elle perdrait pour toujours sa liberté.
Le ciel commença à s'assombrir, plongeant sa cachette dans la pénombre. Lucy balaya ses idées noires et revêtit derechef son sourire bienveillant qu'elle s'évertuait à exhiber à toutes heures et en toute circonstance. Elle devait rentrer avant que la nuit ne tombe et se releva donc, non sans admirer une dernière fois le paysage qui l'entourait.
Lucy adorait se cacher au milieu des champs de blés, surtout lorsque ceux-ci n'avaient pas encore été fauchés par la moisson. Il n'y avait pas de meilleur endroit pour lire et s'éloigner de l'agitation constance et intarissable qui régnait dans leur domicile, souvent causé par ses jeunes s½urs qui se languissaient qu'une quelconque animation ne vienne perturber leur pauvre existence tranquille.
À contre c½ur, Lucy se décida à quitter son havre de paix et s'étira sans retenu, profitant des dernières lueurs de soleil qui se reflétaient sur ses joues rosies par la chaleur. Une envie soudaine la prit de dégourdir ses jambes restés trop longtemps inactif à cause de ses longues heures de lecture. Sans plus attendre, elle se mit à courir, enjambant les épis de blés et sautant par-dessus les petits rochers qui jonchaient la terre mal entretenue. Sans stopper sa course effrénée, Lucy relava le bas de sa robe de fortune et s'élança en direction de leur humble demeure dans un rire extatique qui lui brûlait la gorge. En chemin elle se prit les pieds dans son châle et tomba à la renverse dans la pente, l'entraînant dans un roulé-boulé infernal. Finalement elle arriva au pied de la colline hilare et recouverte de boue.
« Tu t'es encore mis dans de beaux draps Lucy, quand père verra l'état dans lequel est ta robe... »
Lucy n'avait pas remarqué son aînée qui s'était approchée silencieusement. Mirajane était penchée au-dessus d'elle, la cachant de la lumière du soleil avec ses longs cheveux argentés qui lui arrivaient au niveau de la taille. Ses yeux bleus aux couleurs de l'océan la dévisageaient avec intensité. La beauté de la blanche était à couper le souffle, si bien que Lucy en avait toujours ressentit une certaine jalousie, même si elle ne l'avouerait jamais. Le visage en triangle de Mirajane exprimait une grande douceur et sincérité, qualités auxquels elle ne faillait jamais.
« Allons Mira, profite donc de ce beau soleil, de cette liberté qui nous tend les bras ! »
Tout en disant cela, la blonde leva les bras vers le ciel, comme si elle voulait attraper le temps entre ses doigts. D'un bond, elle se mit debout et tournoya sur elle-même, s'imaginant que de simples mots pouvaient l'emporter loin, très loin et la soulager de ce poids qu'elle était lasse de devoir supporter.
Mirajane hésita, indécise devant le comportement inapproprié de sa cadette, puis finit par se prendre au jeu en partant dans grand éclat de rire. Ravis, Lucy attrapa la main de sa s½ur et l'entraîna avec elle jusque dans leur maison. Les deux jeunes filles firent irruption dans le petit salon étonnement calme et silencieux. Leur mère n'eut pas le temps de réprimander la blonde sur l'état dans lequel elle avait mis ses jupons que les deux s½urs grimpaient déjà l'escalier en colimaçon qui menait à leur chambre. Arrivées là, elles se jetèrent dans le lit à baldaquin qu'elles partageaient, sans arrêter leur excès d'hilarité. Lucy regarda alors Mirajane avec deux yeux pleins de malices avant de lui asséner un violent coup d'oreiller en pleine face. Celle-ci ne se fit pas prier pour répliquer et attaqua à son tour.
La bataille dura ainsi quelques minutes avant qu'elles ne s'arrêtent, à cour de projectile. Les plumes volaient au ralenti dans les airs avant de se poser délicatement sur le parquet ciré. Toujours aussi impulsive, Lucy se leva d'un bond et enjamba sa soeur allongée sur le lit.
« Je vais prendre un bain ! », cria-t-elle par-dessus son épaule.
« Et frotte bien ! », sourit la douce Mirajane, se retournant sur le ventre pour admirer, de par leur fenêtre, le soleil qui se couchait sur la plaine.
Lucy se prélassa avec bonheur dans cette eau encore fumante et si agréable qui pénétrait sa peau, détendant chacun de ses muscles un par un. Elle profita au maximum de ce moment de calme et de sérénité qu'elle affectionnait tant. L'eau chaude se faisait de plus en plus rare car leur famille manquait cruellement de bois pour le feu. Le prix de la bûche avait encore augmenté et leur père devenait trop vieux pour couper le bois tout seul.
La famille devait tous ses revenus mensuels à leur cousin, Luxus Draer. C'était lui qui était chargé de payer leur cuisiner personnel ainsi que leur bonne, Virgo. Il donnait suffisamment d'argent pour que la famille puisse manger à sa faim, trois repas par jours, et acheter de nouvelle robe quand celles-ci se faisaient trop vieilles. Cela s'expliquait par le faite que Luxus avait hérité de toute la fortune des Heartfilia. À la mort de leur père, Jude et Ivan Heartfilia, c'étaient tous deux rendus chez le notaire. Le père de Lucy pensait alors recevoir sa part d'héritage, mais il n'en fut rien. Le grand-père avait laissé l'intégralité de sa fortune, ainsi que ses terres, à son fils aîné, laissant le cadet sans un sous. À son tour, Ivan avait légué tous ses biens à son unique fils, Luxus. Jude ne s'était pas laissé abattre pour autant et avait monté sa propre entreprise. Malheureusement, celle-ci avait coulé depuis quelques années, obligeant le père de Lucy à demander une aide financière à son neveu.
L'eau chaude était donc un luxe qu'ils ne pouvaient pas se permettre. Mais la blonde n'avait rien à envier aux plus riches. Elle adorait ses s½urs, même si les deux dernières pouvaient parfois agir de manières très étranges et embarrassantes. Son père était un être taciturne et vieux jeu, mais heureusement son grand c½ur compensait tout le reste. lucy avait toujours eu une grande affinité avec lui et une confiance aveugle en son jugement. Sa mère, quant à elle, pouvait être parfois légèrement extravagante et surexcitée - surtout lorsqu'il s'agissait de leur trouver des maris - mais c'était une femme juste et honnête.
Lucy sortit de son bain et se prépara pour dîner. Après s'être habillée et coiffée, elle descendit les escaliers quatre à quatre jusqu'au salon, oubliant les bonnes manières et autre chichi qui devait faire d'elle une femme du monde respectable. Ses s½urs et ses parents étaient déjà attablés et avaient déjà commencés à entamer leur assiette. La blonde salua son père en déposant un délicat baisé sur sa joue mal rasé.
« Bonsoir père. »
Celui-ci lui répondit en pressant délicatement sa main sur son épaule.
« Bonsoir ma fille. »
La jeune fille sautilla jusqu'à sa chaise et prit place aux côtés de Mirajane.
« Bon maintenant que vous êtes toutes là... Tu pourrais leur annoncer la bonne nouvelle, tu ne crois pas Jude...? »
Madame Heartfilia était une femme d'un certain âge et de petite taille aux traits des plus singuliers. Les gens étaient souvent étonnés du contraste qui l'opposait à ses filles et chacun se demandait comment il avait pu en résulter de si sublime créature. Car oui, les soeurs Heartfilia étaient connues dans tout le pays pour leur grâce et leur beauté naturelle.
Ses bras potelés étaient posés sur la table de part et d'autre de son assiette. Elle semblait agitée et attendait impatiemment que son mari prenne la parole. Malheureusement pour elle, celui-ci ne semblait pas partager son enthousiasme.
« Hum... », répondit-il les yeux baissés devant son assiette. Il s'essuya la bouche d'un air pensif.
« Dis-nous père, j'ai hâte de connaître cette nouvelle ! »
L'une des deux jumelles, Juvia, se dandinait sur chaise prise d'une soudaine excitation.
« Oui père, racontes-nous tout ! »
Wendy, la deuxième des jumelles, se trouvait dans le même état que sa soeur, des coeurs jaillissant de ses prunelles chocolat.
Reby, la troisième des adoptées, ne prit pas même la peine de lever les yeux de son ouvrage. Il y avait bien longtemps que les crises d'hystéries de ses deux cadettes ne l'intéressaient plus. Elle préférait amplement la compagnie des livres à celle des hommes. Cet attrait pour la littérature l'avait rapproché de Lucy, étant toutes deux des mordus de lecture, elles passaient souvent de longues heures ensemble à discuter de leur impression sur tels ou tels romans d'aventures.
Mira et Lucy échangèrent un sourire complice devant cette scène burlesque. Leur mère et leurs deux jeunes s½urs étaient au comble de l'impatience tandis que leur père se tamponnait tranquillement la bouche de sa serviette, l'air désespéré et terriblement ennuyé. Les deux jeunes filles savaient d'avance à quel genre de nouvelle, il fallait s'attendre vu l'enthousiasme général. Toute cette agitation ne pouvait signifier qu'une chose, l'arrivé d'un bon parti à Magnolia.
« Bon. Si vous insistez. », Commençât-il, mais il n'eut pas le temps de finir car leur mère lui avait déjà coupé la parole.
« Le seigneur Fullbuster est à Magnolia et sa famille organise un bal au manoir dans l'espoir de trouver une jeune fille pour l'épouser ! »
Sa dernière phrase fut noyée dans un véritable cri d'hystérie de la part de Juvia et Wendy qui sautillaient sur place au comble de l'euphorie.
C'était prévisible...
« Et que fait cet honorable Fullbuster à Magnolia ? », demanda Lucy non sans une once d'ironie.
« Apparemment, il serait en compagnie de ses meilleurs amis. Il est venu chercher un peu de tranquillités à la campagne. Mais d'après ma source, il serait à la recherche d'une jeune fille à marier ! »
« Et ce Fullbuster, est-il... Agréable à regarder ? », s'enquit Mirajane le rose aux joues.
« Évidement ! Un homme de sa trempe ne peut être que séduisant, et puis je suis sûr qu'il te trouvera à son goût. Quel jeune homme ne tomberait pas sous ton charme ? Oh, mon chéri, c'est merveilleux, il faut absolument que nos filles participent à ce bal ! »
Madame Heartfilia était au comble de l'extase pour le plus grand malheur de son mari.
« Hum, si vous le dites... »
« Allons Papa, je t'en priiiiiiiis ! », supplièrent les deux jumelles hystériques.
« Après tout, ça peut être amusant », répliqua la blonde d'un ton désinvolte en enfourchant sa fourchette dans sa bouche. Elle jeta une oeillade en coin à Mirajane, laquelle n'avait pas encore dérougit.
Jude Heartfilia lança un regard désapprobateur à sa fille. Il lui en voulait de ne pas prendre son parti dans cette histoire. Elle savait pourtant qu'il détestait se montrer en public.
« Bon, pourquoi pas. Il faut bien se montrer au monde, de temps en temps... »
« MERCI PAPA ! », s'exclamèrent de bon coeur les jumelles en se jetant au cou de leur père.
Celui-ci, prit par surprise, bascula sous leur poids, sa serviette toujours à la main. C'est dans de grands éclats de rire que la petite famille finit de dîner.
｡:* *.:｡
Le soir fatidique arriva finalement. La famille Heartfilia se rendit en calèche jusqu'au manoir des Fullbuster avec pour conducteur leur cuisiner; qui avait accepté de leur servir de cocher pour l'occasion. De par la lucarne du véhicule, Lucy pu observer avec émerveillement l'immense demeure qui se dressait devant elle. Le jardin s'étendait à perte de vu jusqu'à l'horizon, si bien que la jeune fille se demanda s'il avait une fin. La végétation y était abondante et entretenue avec un souci du détail proche de la vénération.
Les roues de la voiture se mirent à rebondir sur la magnifique allée de cailloux d'un blanc nacré qui les mena directement jusqu'à l'entrée de la demeure. Le seigneur Fullbuster n'avait pas fait les choses à moitié, la totalité du village avait été conviée à ce bal et tous avaient sorti leurs plus beaux atours.
Le thème de la soirée était au blanc. La blonde s'émerveilla devant la pureté de cette décoration et ne douta pas un instant que ce choix était le bon. D'énorme bouquets de rose immaculé avaient été disposés de chaque côté de l'entrée, ainsi que des draps de soies qui tombaient négligemment le long de la façade, rappelant avec une certaine poésie l'écume des vagues échoué sur le sable fin d'une plage d'été. Époustouflée par tant richesse apparente, Lucy prit la main de Mirajane pour se donner du courage, et toutes deux s'engagèrent dans l'antre de l'immense demeure.
Le hall en pierre brut était tout aussi impressionnant. Interminable, il regorgeait de portraits représentant plusieurs générations de Fullbuster aux allures sévères et audacieuses. Des sculptures en or massif trônaient le long de l'allée central, encadrant un tapis rouge vif tissé main qui suivait le chemin jusqu'aux lourdes portes en bois menant à l'entrée de la salle de danse. Sur la gauche, un grand buffet avait été dressé avec viandes, légumes et champagne à volonté !
La famille Heartfilia se présenta aux valets chargés de veiller au respect de la liste des invités, et entra dans l'immense salle de danse. Juvia et Wendy se fondirent tout de suite dans la masse à la recherche de cavaliers, gloussant à chaque fois qu'un jeune homme leur accordait un regard. Reby, quant à elle, partit en direction de la salle de musique dans l'espoir de passé sa soirée à jouer du piano, éloignée le plus possible de la foule qui la rendait claustrophobe. Amusée, Lucy entraîna Mirajane avec elle et toutes deux dansèrent jusqu'à perdre haleine. La blanche se fit bientôt inviter par un jeune homme brun, plutôt séduisant, et l'accompagna sur plusieurs musiques. Lucy, de son côté, s'était déjà fait inviter par la moitié des hommes présents dans la salle, mais avait refusé catégoriquement chacune de leur demande. Au bout d'un moment, la jolie blonde aperçut une de ses connaissances dans un coin de la salle. Soulager de retrouver une tête connu parmi ce flot de représentant de la bonne société, Lucy courut saluer sa meilleure amie et voisine Kana, l'unique descendante de la famille Alperona. Cette dernière tenait une bouteille de champagne à la main qui paraissait déjà à moitié vide. La jolie brune avait un penchant plutôt prononcé pour l'alcool.
Tout à coup, le silence se fit dans l'immense salle de danse. Un valet annonça l'entrée de Sir Fullbuster et de ses amis. La foule, c'était divisé en deux, laissant un large chemin jusqu'à l'estrade au fond de la salle. Lucy se fraya un passage entre les invités pour apercevoir le mystérieux hôte. Arrivé en première ligne, elle l'aperçut enfin.
Un jeune homme aux cheveux couleurs corbeau se tenait dans l'embrasure de la porte. De là où elle se trouvait, la jeune Heartfilia distinguait mal la nuance de ses yeux, mais était sûre qu'ils étaient bleus. Un bleu néanmoins plus sombre que ceux de sa s½ur Mirajane. Le garçon dépassait Lucy d'une bonne tête et était vêtu d'une veste noire en queue de pie qui lui descendait jusqu'aux chevilles. Sa chemise en toile, d'une blancheur aussi resplendissante que les décorations de la salle, était légèrement ouverte sur le haut de son torse, qui, Lucy devait bien l'admettre, paraissait parfaitement sculpté. La jeune fille se surprit à esquisser un petit sourire nerveux. Il était beau, c'était indéniable. Sa démarche était décontractée et il paraissait tout à fait à l'aise devant cette foule de spectateurs qui l'observait.
« Plutôt pas mal », constata Kana en prenant une nouvelle goulée de champagne.
Lucy leva les yeux au ciel, son amie était du genre direct lorsqu'il s'agissait des hommes. Elle s'apprêtait à retourner à ses occupations avec sa meilleure amie, lorsque le valet annonça l'entrée des « invités de Sir Fullbuster ».
« À oui, c'est vrai, pensa-t-elle, il n'est pas venu seul ».
« Veuillez accueillir comme il se doit, le comte Dragneel accompagné de Mademoiselle Scarlet »
Dragneel ? Un nom plutôt étrange pour un comte.
Un jeune homme aux cheveux flamboyant apparu soudain, suivit de près par une jeune femme dont la chevelure rousse lui descendait en cascade jusqu'au bas du dos. Pendant une seconde, le c½ur de Lucy cessa littéralement de battre. Que lui arrivait-il ? Elle essaya de rire bêtement aux remarques désobligeantes de la brune, et de se moquer des deux arrivants, comme elles le faisaient chaque fois qu'elles croisaient un de ses enfants gâtés, mais rien. Aucun son ne sortit de sa bouche. Les muscles de sa mâchoire ne lui obéissaient plus.
Natsu Dragneel jeta un regard dédaigneux sur la foule qui l'entourait. Que ne ferait-il pas pour le bonheur de son meilleur ami. Celui-ci était persuadé qu'il trouverait l'amour en rentrant dans son cher petit village. D'où, l'organisation de ce bal.
« Foutaise », pensa-t-il.
Il n'y avait pas une minute qu'il avait passé la porte, mais il comprit déjà que la tentative du brun était vouée à l'échec. Il n'y avait là que des jeunes filles délurées et simple d'esprit, prêtes à se jeter sur le premier bon parti qui s'offrirait à elles.
Le comte Dragneel remonta l'allée que ces villageois avaient créée en leur honneur, accompagné de Gray Fullbuster et Erza Scarlet. Son visage était crispé en un masque impénétrable. Partout où il regardait, il ne voyait que des jeunes filles se dandinant sur place et gloussant bêtement à leur approche.
« De véritables cruches », soupira-t-il.
Il y avait bien longtemps qu'il avait renoncé à la compagnie des femmes, à la compagnie tout court. Il se contentait de faire acte de présence dans les cérémonies importante sans y trouver le moindre amusement. Trouver une fille suffisamment digne d'intérêt pour faire battre son c½ur de pierre était mission impossible. Gray-lui répétait souvent qu'il était renfermé, qu'il ne savait pas s'amuser. Qu'il devait s'ouvrir à la compagnie des autres, et en particulier à celle de la gente féminine. Mais à vrai dire, toutes ces futilités ne l'intéressaient plus. Et il détestait les bals.
« J'ai conscience que le verbe « sourire » ne fait pas partie de ton vocabulaire. Mais tu pourrais tout de même faire un effort en ma compagnie, je trouve ton attitude envers moi légèrement offensante. »
Le compte Dragneel jeta un regard en biais à sa compagne, une amie chère à ses yeux depuis leur tendre enfance. Lui, Gray et Erza avaient été élevés ensemble, pratiquement comme les membres d'une même famille. Tous trois avaient perdu leurs parents très tôt et avaient grandi dans un orphelinat pour jeunes héritiers, nommé Fairy Tail.
« Je suis désolé que mon comportement t'importune de la sorte, mais ce n'était pas mon idée. Je m'y étais même totalement opposé... », répondit-il les dents serrées.
Scarlet poussa un long soupir. Il ne changerait jamais. Voilà des années qu'elle ne l'avait pas vue sourire. Il se murait dans sa mélancolie, à croire qu'il aimait se faire souffrir, comme s'il cherchait à se punir. Bien sûr, elle connaissait la cause de sa douleur. Mais celui-ci refusait d'en parler à qui que ce soit, pas même à Gray.
Natsu continua son ascension jusqu'au fond de la salle lorsque quelque chose le sortit de son impassibilité habituelle. Cette chose qui l'avait interpellé n'était autre que deux grands yeux marron couleurs noisette rivés sur lui. La jeune fille à qui appartenaient ses yeux le dévisageait, apparemment intriguée. Elle détonnait parmi cette foule de ces greluches surexcitées qui ne faisaient que glousser et sourire bêtement. Il se surprit à soutenir son regard, le visage impassible. Elle ne le lâcha pas des yeux pour autant, ne rougit pas lorsque leurs prunelles entrèrent en contacte. Une lutte silencieuse débuta entre les deux, aucun d'eux ne voulant être le premier à détacher le regard.
Malheureusement, le comte Dragneel finit par atteindre le fond de la salle et dû détourner son attention des orbes de la jeune fille pour monter sur la petite estrade qui leur étaient destinés.
Lucy baissa soudainement la tête un peu perturbée. Pourquoi l'avait-elle fixé ainsi ? Peut-être allait-il prendre son geste pour de l'impertinence. Cela n'avait pas été son attention. Il l'avait intriguée, voilà tout. Et de nature curieuse, elle n'avait pu s'empêcher de l'examiner pour en connaître la cause. Son intérêt pour ce parfaite inconnu lui venait de son air si antipathique. Quelque chose clochait chez lui. À première vue, son comportement pouvait passer pour du mépris dû à son rang, mais lorsque leurs regards s'étaient croisés, elle avait compris qu'il n'en était rien. Il souffrait, une douleur indescriptible le rongeait. Et au fond d'elle, elle voulait en connaître la cause. Mais ce qu'il y avait de plus étrange était qu'il avait répondu à son échange silencieux. Pourtant, son visage n'avait pas montré le moindre intérêt, ou la moindre curiosité. Ses traits étaient restés figés dans une expression de pur ennui.
Cette explication lui convenait, son apparente antipathie avait dû la surprendre, voilà tout.
Impatiente de changer de sujet, Lucy tira sur la main de Kana pour retourner danser. La salle avait repris son brouhaha d'avant l'arrivée des trois seigneurs. La mère de Lucy apparu de nulle part, suivit de ses quatre soeurs et de son père. Celui-ci les suivait d'un pas lourd, concentré sur l'assiette de tarte qu'il tenait à la main. Lui aussi avait l'air de profondément s'ennuyer.
« Vite Lucy, allons-nous présenter ! »
« Nous présenter... Quoi ? Comment ça nous présenter ? »
Sa mère ne lui laissa pas le temps de rétorquer et l'entraîna avec elle vers l'estrade. Lucy ne lâcha pas la main de Kana et lui murmura un appelle à l'aide silencieux. Celle-ci lui répondit par un grand fou rire, sa bouteille de champagne toujours à la main.
Arrivé devant l'estrade, les six jeunes filles se positionnèrent face aux trois héritiers, un sourire timide aux lèvres pendant que Jude Heartfilia faisait les présentations. Lucy ne put s'empêcher de défier de nouveau du regard le mystérieux comte Dragneel. Celui-ci lui rendit, avec un peu plus d'intérêt cette fois. Le petit air revêche de la jeune fille l'agaçait, et en même temps l'amusait. Enfin quelqu'un d'un tant soit peu intéressant dans ce bal de campagne. Il lui adressa un petit signe de tête, le visage toujours figé. Lucy se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de rire. Ce qu'il pouvait être sérieux. Pourquoi tant de retenu ? On était dans un bal après tout.
« Mes demoiselles Heartfilia, mademoiselle Alperona. » Fullbuster ne put s'empêcher de jeter un regard surpris à la bouteille de champagne que Kana tenait à la main, mais il se reprit vite, reprenant son apparente décontraction. « Je suis profondément heureux de faire votre connaissance. »
Ses yeux s'attardèrent alors sur l'aînée des Heartfilia, Mirajane. Celle-ci lui rendit son regard, un sourire éclatant aux lèvres. Le brun fut désarçonné par sa réaction et s'empourpra derechef. C'était l'occasion rêvée. Lucy détacha enfin son regard de ce sombre personnage qu'était le comte Dragneel, pour jouer les cupidons.
Pendant qu'elle parlait, Fullbuster commença à tirer négligemment sur sa chemise en un geste tellement habituel qu'il en devenait presque inconscient. Occupé à porter une oreille attentive aux éloges que lui faisait Lucy des qualités de sa s½ur aînée, il déboutonna sa chemise de haut en bas, découvrant une partie de son torse. Il était maintenant totalement débraillé, le tissu à moitié ouvert et sortant de son pantalon. Il continua ce geste involontaire et fit tomber sa veste.
Lucy étouffa un fou rire. Il n'allait tout de même pas se déshabiller entièrement ! Alertés par son gloussement, Dragneel et Scarlet regardèrent simultanément en direction de leur ami, qui était à présent totalement torse nu.
« Gray tes vêtements ! », siffla la rousse entre ses dents.
Le garçon prit une couleur écarlate et étouffa un juron. Gêné, il récupéra ses vêtements abandonnés sur le sol et renfila sa veste. Lucy et Mirajane continrent difficilement leur rire, ce donnant simultanément des coups de coude pour se rappeler à l'ordre.
Dragneel roula des yeux et cacha son visage entre ses mains.
Lucy le dévisagea intriguée, étonnée par le geste enfantin du comte. Puis elle concentra de nouveau toute son attention sur le seigneur Fullbuster, continuant de vanter les mérites de la belle blanche.
« Saviez-vous que ma soeur Mirajane est une divine danseuse ? De plus elle est d'excellente compagnie ! », ventât la rusée au ténébreux.
« Lucy, tu... », murmurât Mirajane en fronçant les sourcils.
« Oh ! Eh bien dans ce cas je serais ravi de vous inviter pour la prochaine danse ! », s'exclamât-il aux anges.
« Volontiers... », balbutiât l'intéressé, toujours très gêné.
Tous deux partir en direction de la piste sans se lâcher des yeux. Lucy se retourna fière, sa mère jubilant de bonheur à côté d'elle. Tout à coup une idée folle lui vint en tête, prise d'une soudaine envie, elle se retourna vers le comte.
« Dansez-vous, Messire Dragneel ? »
« Seulement si j'y suis obligé », marmonna-t-il embarrassé.
La jolie blonde fronça les sourcils.
« C'est pourtant vous qui êtes l'organisateur de ce balle, non ? »
« Je l'ai fait dans l'unique but de plaire à mon ami », répliqua-t-il plus sûr de lui.
Il n'en croyait pas ses yeux. Elle lui tenait tête, et ne semblait pas manquer de répartit. Il n'avait pas l'habitude d'un tel comportement. La plupart du temps, les gens ressentaient un certain malaise en sa présence, ce point se vérifiait plus particulièrement chez les jeunes filles. Son air froid les intimidait et les dissuadait d'engager la conversation. Mais elle, ne paraissait pas gênée le moins du monde, que ce soit par son apparente hostilité ou par son statut de riche héritier. En effet, la fortune du comte était inestimable. Dragneel était le seul descendant de la famille la plus riche de Fiore. Il y avait de quoi en intimider plus d'un. Mais elle continuait à le dévisager, sans ciller. Une nouvelle fois, elle le fusilla du regard de ses deux grands yeux chocolat, attendant peut-être qu'il change d'avis, ou qu'il lui donne plus d'explication sur son refus. Mais voyant qu'il n'avait l'intention de faire ni l'un ni l'autre, elle se retourna, soulevant les épaules comme si cela n'avait pas la moindre importance et repartit vers la piste de danse.
« Très bien ! », dit-elle simplement en emportant son amie dans la foule.
｡:* *.:｡
La soirée battait son plein, la plupart des jeunes filles avaient trouvé chaussure à leurs pieds et s'élançaient élégamment sur la piste. L'ambiance était aux rires et à l'amusement. Le champagne coulait à flot. Toujours à l'écart, Dragneel détonnait dans cet environnement festif. Il n'avait pas bougé de l'estrade, le visage toujours aussi impassible. Sa main droite trahissait son profond agacement, de petits spasmes nerveux lui faisaient ouvrir le poing et le refermé inlassablement, faisant craqués ses jointures. Son regard était rivé sur une jolie blonde en fond de la salle. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'il l'observait. La jeune fille avait l'air de s'amuser, un grand sourire étalé en permanence sur son visage d'ange. Elle riait aux éclats avec son amie à la bouteille de champagne, désormais presque vide, et s'éloignait avec plus ou moins de tact chaque fois qu'un garçon les abordaient pour danser. Pour une raison qu'il ignorait, elle les repoussait tous sans exception, se servant de la brune comme excuse pour ne pas paraître trop impolie. Lorsque celle-ci cédait à la tentation et acceptait l'invitation d'un jeune homme, elle restait seule et observait sa grande s½ur, toujours au bras de Gray.
Elle l'intriguait... Non, elle l'obsédait. Il ne comprenait pas son comportement. Pourquoi refusait-elle de danser ? C'est pourtant elle qu'il lui avait fait remarquer qu'ils se trouvaient à un bal. Elle l'avait même invité à danser, ou alors aurait-il mal compris ses intentions ? Non décidément, il n'arrivait pas à la cerner.
Lucy jeta un regard furtif en direction de l'estrade. Elle ne s'était pas trompée, il l'observait. Elle avait senti son regard peser sur elle durant toute la soirée. Pensait-il qu'elle ne le remarquait pas ? Pourquoi cet être terne et sinistre la regardait-il sans cesse ? Elle n'avait pourtant pas eu l'impression de l'intéresser. Il avait refusé froidement sa demande, froissant au passage l'orgueil de la belle blonde. Elle se sentait déconcentré par l'intensité de son regard et en avait même perdu l'envie de danser. Elle avait dû refuser l'invitation d'une bonne dizaine de prétendants, pour la plupart plutôt séduisants, mais sans intérêts à ses yeux. Son regard insistant l'agaçait. Pourquoi la fixait-il ainsi ? L'envie de se retourner et de soutenir de nouveau son regard la démangeait. Mais pour une raison inconnue, elle n'en fit rien. Pendant un instant, une sensation étrange pesa dans son estomac.
« Stupide Lucy, pourquoi te montes-tu la tête pour ce comte froid et prétentieux ? »
« Excusez-moi, mais une aussi jolie demoiselle ne devrait pas rester seule dans son coin. Auriez-vous l'obligeance de m'accorder cette danse ? »
Surprise, Lucy se retourna brusquement. Devant elle se tenait un jeune homme, les cheveux en bataille d'un roux prononcé. Il portait un ensemble sombre et classique. Elle le reconnut comme étant le plus célèbre Don Juan de Magnolia. Toutes les jeunes filles de la région étaient déjà tombées sous son charme, à l'exception de Mirajane et Kana, peut-être. Son nom était Loki Dulyon. Lucy le connaissait depuis son enfance et savait que le roux avait toujours eu un faible pour elle.
Le garçon en question se tenait à genoux, une rose coincée ses dents et attendait sa réponse avec une certaine appréhension. La jeune fille réfléchit, que risquait-elle à accepter cette invitation ? Il lui faisait la révérence tout en lui proposant sa main. Un cliché à lui tout seul ! Heartfilia se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire. Elle allait le rejeter comme les autres, quand une idée lui vint à l'esprit.
« Avec plaisir », répondit-elle avec un petit sourire malicieux.
Lucy eut la sensation que le beau comte ne resterait pas indifférent à ce revirement de situation. C'était peut-être idiot, mais elle voulait qu'il réagisse. De quelle façon ? Elle ne le savait pas encore elle-même. Mais la tentation de tenter l'expérience était trop forte. La blonde jeta un petit coup d'½il en direction de l'estrade. Comme elle s'y était attendue, le comte Dragneel ne la quittait pas des yeux, s'attendant surement à ce qu'elle la repousse comme elle l'avait fait avec les autres. Satisfaite de son petit effet, Lucy accepta la main du jeune homme - qui n'en revenait pas - et se dirigea vers la piste de danse.
Dragneel n'en croyait pas ses yeux. Elle, qui jusqu'alors n'avait montré aucune envie de se joindre aux danseurs, venait d'accepter l'invitation de cet homme - le comte fronça les sourcilles, sceptique - avec ce type ! Pourquoi lui? Certains de ses prédécesseurs avaient l'air beaucoup plus charismatique ! Que pouvait-elle bien faire avec un homme tel que lui ? Peut-être n'était-elle pas le genre de fille qu'il pensait finalement. Il lui avait attribué plus de mérite qu'elle n'en eût réellement. Encore une qui succombait devant un beau costume et une simple rose. Natsu allait détacher les yeux des danseurs, répugné, quand quelque chose l'interpella. Il reporta son attention sur le couple qui s'avançait main dans la main, croisant les yeux sombres de Lucy.
Non, il n'avait pas rêvé, elle le défiait encore ! Attendait-elle de lui une quelconque réaction ? Le comte se renfrogna. Ce n'est tout de même pas cette petite prétentieuse qui lui dicterait son comportement ! Il l'observa plus attentivement. Elle riait aux éclats, dans les bras de ce Don Juan de pacotille. Le roux n'avait pourtant pas l'air très intéressant, ni particulièrement drôle.
« Il est surement de meilleurs compagnie que toi », lui souffla une petite voix à l'intérieur de son crâne.
Dragneel l'ignora avec agacement, ce n'était tout de même pas sa faute s'il ne se sentait pas à l'aise au milieu de tous ses inconnus. Il jeta un ½il en direction de son ami Gray et de la belle jeune fille qui l'accompagnait. Tous deux, quoi qu'un peu timide, semblaient au comble du bonheur. Les joues rouges, ils ne se quittaient pas du regard, un sourire tendre aux lèvres. Natsu poussa un nouveau soupire intérieur. Pourquoi n'arrivait-il pas à se défaire de sa mélancolie qui le rongeait ? Il balaya la salle du regard. Tout le monde avait l'air de s'amuser, même Erza s'était jointe aux danseurs, entraînant ses partenaires dans une danse folle qui leur faisaient tourner la tête.
Le comte reporta son attention vers la jeune Heartfilia. Mais la belle blonde ne dansait plus, il l'avait perdu de vue. Natsu se redressa légèrement, la cherchant du regard. Pour la première fois de la soirée son apparente impassibilité changea pour faire place à une mine mécontente. Il avait perdu son occupation de la soirée des yeux.
Il finit par la repérer. Elle se dirigeait vers le hall, l'air légèrement irrité, remontant la foule à grande enjambée. Étrange comportement de sa part. En observant plus attentivement il remarqua que le roux la poursuivait, écartant la cohue sur son passage... Il s'était passé quelque chose. Sans réfléchir le compte Dragneel se leva et se dirigea vers la grande porte d'entrée. Les invités s'écartèrent rapidement devant lui, aucun n'osant faire obstacle à ce personnage froid et intimidant.
Lucy cherchait Kana des yeux, irritée. Elle l'avait quitté depuis trop longtemps à son goût. De plus, il fallait qu'elle trouve une excuse pour abandonner son récent cavalier, Loki, car elle n'avait accepté de danser avec lui que dans le seul et unique but de faire réagir ce comte qui la fixait avec tant d'intensité. Elle lui avait d'ailleurs lancé un regard de défi, pour juger de sa réaction. Mais rien, il n'avait absolument rien fait. Au contraire, il avait même cessé de la regarder. Ne sentant plus son regard posé sur elle, elle avait osé une ½illade dans sa direction. Le jeune homme observait sa s½ur et le jeune Fullbuster évoluer à pas paisible sur la piste, suivant le rythme de la musique d'une oreille distraite, l'air de plus en plus désintéressé. La jeune fille se sentait étrangement vexée d'avoir été ignorée de la sorte.
« Ma princesse, revenez, la musique n'est pas encore terminée ! »
L'idiot en question lui courait après, bousculant certains des invités, sa rose toujours à la main.
Encore lui, zut, elle n'avait pas réussi à le perdre dans la foule. Lucy accéléra le rythme, se dirigeant vers l'autre bout de la salle pour continuer à se cacher dans la populace qui affluait autour d'elle sans lui prêter la moindre attention. Malheureusement pour elle, il réussit à la devancer et lui barra la route. Il allait lui faire une nouvelle déclaration quand une main surgit de nulle part, le coupant dans son élan. Lucy sursauta, elle ne l'avait pas vu approchée. Dragneel se tenait aux côtés du roux, face à elle. Sa main était posée sur le torse de Dulyon pour le dissuader de s'avancer plus près de la jeune fille. Il paraissait étrangement tendu, ses cheveux lui tombaient sur le visage.
« Je vais prendre le relais, si ça ne vous dérange pas. »
La voix du comte était calme, mais son ton laissait clairement comprendre qu'il ne lui laissait pas le choix. Dulyon voulut protester, mais Dragneel tourna son regard menaçant dans sa direction, le dissuadant une fois de plus de se mettre sur son chemin. À contre c½ur, le roux finit par s'en aller, non sans jeter un regard mauvais à son rival. Lucy fut très étonnée par le soudain changement d'attitude de leur hôte. Elle n'était d'ailleurs pas la seule, plusieurs têtes s'étaient tournées dans leur direction, observant la scène d'un air surpris. La jeune fille ne sut quel comportement adopté face à sa réaction. Elle opta finalement pour celle qui était la plus naturelle à ses yeux.
« Ne croyez pas que je vous remercie ! Je n'aurais eu aucun mal à régler cette situation toute seule. »
« Je n'en doute pas un instant. »
Avait-elle rêvé ? Pendant une fraction de seconde, elle avait cru voir se dessiner un petit sourire sur ses lèvres si dur. Une simple moue maladroite, mais cet effort semblait inespéré de la part du garçon aux cheveux flamboyant. La méfiance de Lucy s'amenuisa quelque peu et elle fut d'autant plus intriguée par son comportement. Elle voulait en connaître la cause.
« M'accorderiez-vous cette danse ? », dit-il en lui tendant le bras. Son visage n'exprimait toujours pas la moindre expression.
« Je croyais que vous n'aimiez pas danser ? »
« Eh bien, j'ai changé d'avis ! »
Son ton était sec et agacé. De toute évidence, il n'avait pas l'intention de renouveler sa demande.
Curieuse, la jeune fille ravala sa fierté, pour cette fois, et accepta son invitation. Le couple s'engagea sur la piste de danse et se mit à virevolter sur la musique. Le compte Dragneel était vraiment bon danseur, logique, étant de noble naissance, la danse faisait partie des choses indispensables à son éducation. Par contre, il était toujours aussi distant. Il tenait la jeune Heartfilia à bout de bras, et fixait un point quelque part au-dessus de son oreille droite pour ne pas la regarder dans les yeux.
Tout ceci était très perturbant pour le comte. Il détestait danser en public, alors pourquoi l'avait-il invité ? Ça ne lui ressemblait pas. Ou plutôt, ça ne lui ressemblait plus. Depuis l'accident, il avait abandonné tout espoir de bonheur et c'était replié sur lui, s'éloignant de toute vie sociale. Gray et Erza restaient ses seuls compagnons. Et pourtant, il était là, au milieu de la piste face à tous ses inconnus, accompagné d'une jeune fille qui l'avait envoyé baladé. Cette jeune fille qui avait su capter son regard depuis qu'il avait franchi les portes de la grande salle. Les autres danseurs se poussaient sur leur passage et formaient désormais une ronde autour d'eux, laissant le milieu de la piste déserte. La réaction des habitants était normale. Personne n'osait s'approcher de trop près du riche héritier. Dragneel était habitué à ce genre de réaction. Ce dont il n'avait pas l'habitude, c'était qu'on lui tienne tête comme elle l'avait fait. Elle n'était pas intimidée par son statut ni par son apparence peu avenante.
Dubitatif, le comte risqua un regard dans sa direction. Non. Impossible. Elle le fusillait des yeux, cherchant une fois encore à planter ses prunelles dans les siennes.
« Avez-vous conscience qu'il est impoli de fixer les gens de cette manière ? »
« Ah vraiment ? Pourtant, vous ne vous êtes pas gêné pour m'observer une bonne partie de la soirée. »
Dragneel se retourna vers elle, surpris, et ne put s'empêcher de plonger son regard dans le sien. Elle s'en était donc aperçut pendant tout ce temps.
« Vous aviez remarquez... »
« Difficile de ne pas sentir lorsqu'on vous fixe ainsi. » Lucy laissa planer un petit silence avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres. « Que me vaut l'honneur de cette danse ? »
La franchise de sa cavalière le déstabilisa quelque peu, mais il se reprit vite, ne laissant transparaître aucune réaction. Il ne voulait pas lui donner cette satisfaction.
« Vous m'aviez invité à danser, non ? »
« Oui, une invitation que vous avez déclinée sans ménagement. »
« Je l'accepte désormais. »
Heartfilia fulminait de rage. Pour qui se prenait-il ? Il cherchait à esquiver sa question.
« Ce n'est pas à vous de décider de ce genre de chose. Vous ne pouvez pas accepter une invitation quand bon vous semble sans me demander mon avis. »
« Je vous ai proposé de danser et vous avez acceptez, alors où est le problème ! »
Le ton du comte se fit de plus en plus sec. Ses questions incessantes l'agaçaient et le mettaient mal à l'aise.
« Vous aviez refusé, je veux savoir pourquoi vous vous décidez maintenant ? »
« Et en quoi cela vous importe-t-il ?! » pesta Dragneel en la fusillant du regard. Ce qu'il lit dans ses prunelles sembla l'adoucir et un rictus moqueur apparu sur le coin de ses lèvres. « Oh je vois... », ricanât-il soudain. « Aurais-je blessé votre orgueil ? »
« Le problème est que vous n'êtes qu'un rustre démuni de bonnes manières ! », cracha Lucy dans un souffle. Sa voix claqua dans l'air. Elle ne pouvait accepter de lui donner raison.
Vexé, le comte ne dit plus rien, continuant à danser en silence. Bientôt la musique s'arrêta, mettant un terme à leur valse silencieuse. Dragneel la gratifia d'une petite révérence avant de se retirer.
Lucy resta figée, insatisfaite. C'est tout, voilà tout ce qu'il daignait lui accordé, une simple danse ? Elle sera étroitement les lèvres et tourna rageusement des talons en direction de Kana. Elle la retrouva assez vite. La jolie brune était occupée à vider la moitié des coupes champagnes disposés élégamment sur le buffet. Lucy lui attrapa le poignet et la tourna pour lui faire face.
« Tu as suffisamment bu pour ce soir, il me semble », dit-elle en reposant sur la table le verre que son amie tenait encore à la main.
« Hmm... La belle et indomptable Heartfilia en colère. Qui t'as mise dans un état pareil ? »
La blonde rougit violemment arborant un air soudain contrarié.
« Oh, mais j'ai touché un point sensible on dirait ! Racontes-moi tout ! C'est ce beau comte qui te met dans cet état ? » Kana se rapprochait dangereusement du visage de son amie, essayant de distinguer une lueur de vérité dans ses grands yeux marron. « Mais c'est que tu as vraiment l'air contrarié. Je pensais qu'il ne serait pas né celui qui te donnerait du fil à retordre, mais apparemment, je me suis trompée ! », s'exclama-t-elle très sûre d'elle.
« Arrêtes de t'imaginer des choses. Ce n'est pas ce que tu crois. Il m'intrigue, voilà tout ! »
« Venant de toi c'est déjà beaucoup ! », rétorqua la brune, un grand sourire malicieux affiché sur son visage canaille.
Sa meilleure amie la connaissait trop bien pour qu'elle réfute cet argument. La jeune Heartfilia soupira avant de l'entraîner vers les gradins. Cet aménagement en bois avait été dressé pour servir de sièges aux danseurs. Lucy avait tout de suite remarqué un petit passage qui permettait de se glisser entre l'échafaudage et le mur. Cet espace pouvait facilement dissimuler plusieurs personnes. Elle avait besoin de réfléchir, et pour ça, elle devait fuir la foule. Les deux amies se glissèrent derrière les élévations en bois avant de se laisser tomber lourdement au sol.
Elles discutèrent un moment, commérant tous les faits et gestes des invités, passant en revus le comportement du seigneur Fullbuster avec l'aînée des cinq s½urs. Kana comprit tout de suite que sa meilleure amie évitait un sujet primordial, l'homme qui avait pourtant occupé ses pensées toute la soirée. De temps à autre, la blonde jetait de petits regards furtifs en direction de la salle, espérant repérer une touffe de cheveux rose.
« Tu cherches quelqu'un ? », lui demanda la brune, au bout d'un moment, les sourcils arqués.
« Absolument pas ! »
Lucy avait appris depuis longtemps à cacher ses émotions. Son sourire était parfait, sans faille. Personne ne pouvait déceler quoique ce soit dans ses yeux ni dans sa voix. Cette faculté lui était très utile lorsqu'elle devait complimenter des personnes de hauts rangs, ou que son père évoquait son union avec Luxus. Même Mirajane n'était pas capable de comprendre ses pensées si celle-ci décidait de les lui dissimulés. Malgré tout Kana semblait avoir remarqué le rictus agacé qu'elle essayait de faire disparaître tant bien que mal du coin de ses lèvres.
La brune allait répliquer quelque chose, lorsque Lucy lui fit signe de se taire. De l'autre côté des gradins, deux jeunes hommes avaient eux aussi décidés de s'éloigner de la foule, pour respirer un peu. La jeune Heartfilia reconnue les cheveux noirs ébènes de Fullbuster. L'homme qui se tenait à ses côtés, la carrure droite et la chevelure flamboyante, n'était autre que le comte Dragneel, l'homme qu'elle cherchait des yeux depuis plusieurs minutes. Dissimulés derrière les hauts piliers de bois, les deux jeunes filles restaient invisibles, et pouvaient ainsi les espionnés de tout leur saoul. Le premier à prendre la parole fut le seigneur Fullbuster. Lucy remarqua qu'il paraissait beaucoup moins décontracté qu'à son entrée dans la salle. Il sautillait légèrement d'une jambe sur l'autre, et ne cessait de torde le mouchoir de poche qu'il tenait entre ses mains. Il avait les joues rosées par l'effort et des yeux pétillants.
« J'ai l'impression que le bal se passe bien, en tout cas Erza à l'air de s'amuser ! », déclarât-il d'un ton enthousiaste.
En effet la rousse occupait la piste de danse et faisait tourner sur eux-mêmes tous ceux qui avaient le malheur de l'invité.
« Elle est bien la seule. » Dragneel, fidèle à lui-même, avait le visage dur et ne trahissait toujours aucune émotion.
« Nous sommes pourtant entourés de très jolies filles ! » En disant cela, Fullbuster eu un regard en coin pour une jeune fille aux longs cheveux blanc qui l'attendait patiemment dans un coin de la salle. Elle croisa son regard et lui fit un petit signe de main, accompagné d'un grand sourire. Pendant un instant Gray perdit pieds et rougit jusqu'aux racines.
Le compte Dragneel fit la navette entre les deux jeunes gens avant de prendre de nouveau la parole. Il était encore irrité de sa dispute avec Lucy Heartfilia.
« Tu as monopolisé la seule qui soit digne d'intérêt dans ce bal, tu devrais d'ailleurs te dépêcher de la rejoindre avant que quelqu'un d'autre ne l'invite. »
Gray ne répondit pas, trop occuper à dévorer des yeux la belle blanche.
À ces mots, Lucy sentit son coeur remonter jusqu'à ses lèvres, étroitement serrées. D'après lui, Mirajane était la seule jeune fille digne d'un quelconque intérêt ? Elle resta figée, sans voix, et ne prit pas la peine de cacher son visage quand sa meilleure amie la regarda avec un air interrogateur. Elle se sentait mal, et pourtant, il n'y avait vraiment pas de quoi. Pourquoi se souciait-elle de l'avis de cet être sinistre et insipide ? Il ne la trouvait pas à son goût, et alors ? De toute façon, il ne l'intéressait pas non plus. Elle avait simplement été intriguée en pensant voir de la tristesse dans ses yeux. Mais à présent, elle se fichait de connaître la vérité. La seule chose qu'elle souhaitait était de quitter ce bal au plus vite. Elle attendit que les deux jeunes hommes retournent dans la salle pour sortir de sa cachette. Lucy défroissa sa robe d'un geste brusque sans y prêter vraiment attention.
-
« Lucy... Tout va bien ? » Kana la regardait avec de grands yeux compatissants.
La blonde ravala la boule qui lui obstruait la gorge et inspira profondément. Elle usa alors de tout son talent de comédienne pour lui faire le plus beau sourire dont elle était capable avant de répondre.
« Tout à fait bien ! »
Le ton de sa voix n'était pas parfait, il faudrait qu'elle travaille un peu mieux ses émotions. La brune n'était pas vraiment convaincue par son affirmation, mais n'en demanda pas plus. Elle souleva doucement les épaules pour signifier "si tu le dis, je te crois", puis se dirigea vers le buffet pour prendre une nouvelle coupe de champagne.
Lucy resta seule quelques minutes avant de retourner affronter la foule des danseurs déchaînés. À peine avait-elle passé le pas de la porte que plusieurs têtes se tournèrent dans sa direction. Quelques jeunes hommes esquissèrent un geste pour l'inviter à danser, mais celle-ci n'avait plus le coeur à s'amuser. Heartfilia sortit de la salle et entama sa longue marche qui la ramènerait jusqu'à chez elle.
« Lucy... Tout va bien ? » Kana la regardait avec de grands yeux compatissants.
La blonde ravala la boule qui lui obstruait la gorge et inspira profondément. Elle usa alors de tout son talent de comédienne pour lui faire le plus beau sourire dont elle était capable avant de répondre.
« Tout à fait bien ! »
Le ton de sa voix n'était pas parfait, il faudrait qu'elle travaille un peu mieux ses émotions. La brune n'était pas vraiment convaincue par son affirmation, mais n'en demanda pas plus. Elle souleva doucement les épaules pour signifier "si tu le dis, je te crois", puis se dirigea vers le buffet pour prendre une nouvelle coupe de champagne.
Lucy resta seule quelques minutes avant de retourner affronter la foule des danseurs déchaînés. À peine avait-elle passé le pas de la porte que plusieurs têtes se tournèrent dans sa direction. Quelques jeunes hommes esquissèrent un geste pour l'inviter à danser, mais celle-ci n'avait plus le coeur à s'amuser. Heartfilia sortit de la salle et entama sa longue marche qui la ramènerait jusqu'à chez elle.
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Natsu Dragneel s'ennuyait à mourir. Dressé doit comme un "I" sur son estrade, il balaya la salle d'un regard mélancolique. Erza lui avait faussé compagnie, prétextant allé chercher quelque chose à boire. Mais il y avait déjà plus d'un quart d'heure qu'elle était partie et il n'avait toujours aucune nouvelle d'elle. De plus, le buffet était vide. Il poussa un nouveau soupire, il était de si mauvaise compagnie que même ses amis le fuyaient. Gray était toujours en train de danser avec l'aînée des Heartfilia. Une nouvelle fois, il tourna son regard vers les danseurs. Il y avait un moment qu'il avait perdu de vue son occupation de la soirée. La chevelure blonde de la jeune fille avait disparu. Sans doute avait-elle décidé de rentrer. Il se faisait tard. Un soupçon de regret l'envahit. Il fut surpris par ce sentiment de manque qui l'habitait. Peut-être avait-il été trop dur avec elle... Même si d'après lui, c'était elle qui avait commencé les hostilités en lui tenant tête et en se moquant de lui. Pourtant, son attitude lui avait plu. Il se promit d'être moins froid si toute fois, elle se représentait à lui.
Il alla se promener dans la salle, toujours à la recherche de la jeune fille. En arrivant près du buffet, il surprit une conversation entre deux hommes d'âges mûrs. L'un d'entre eux, un vieillard de petite taille, n'était autre que le maire de la ville, Makarov. Dragneel le connaissait depuis son enfance. Autrefois, il occupait le poste de directeur de l'orphelinat Fairy Tail, l'endroit ou Gray, Erza et lui avaient grandi. À l'époque, il se faisait appeler "maître". L'autre, plus grand, les cheveux blonds, n'étaient autres que le père Heartfilia.
« Il y a ici plein de jeunes hommes de très bonne famille, c'est l'occasion pour vos filles de trouver la perle rare ! », fit remarquer le maire à son vieil ami.
Natsu tendit l'oreille intriguée.
« Les trois dernières sont encore trop jeunes, quant à Mirajane, elle a l'air de très bien s'entendre avec ce Fullbuster », commenta le père de Lucy d'une voix monotone.
« Et Lucy, a-t-elle trouvé quelqu'un à son goût ? »
Dragneel écouta plus attentivement la conversation. Son coeur battait la chamade. Au fond de lui, il espérait que la réponse de l'ancien soit celle qu'il attendait.
Le père de Lucy poussa long soupir avant de prendre une gorgée de champagne.
« Je ne donnerais Lucy à aucun de ses hommes ! Elle est déjà promise à quelqu'un. »
Le coeur de Dragneel chuta douloureusement dans sa poitrine. Déjà promise. Mais à qui ?
« Vraiment ? » Le vieux sage comprit au ton de la voix de son vieil ami que ce ne serait pas un mariage d'amour. « Et qui est l'heureux élu ? »
« Son cousin. Ils sont liés depuis des années par un contrat de mariage. »
Dragneel sentit la colère monter en lui. Ses membres tremblaient. Son esprit s'éloigna un instant de cette salle agitée, se perdant dans la contemplation d'un spectacle qu'il haïssait. Pendant un instant, il s'imagina la belle blonde, vêtue d'une magnifique robe blanche, avancée jusqu'à l'autel au bras d'un grotesque inconnu. Le comte était pris de nausée incontrôlable. Sa colère était si profonde qu'il pouvait sentir le feu de sa haine lui brûler les entrailles. D'un geste, il brisa le verre qu'il tenait à la main dans une poigne de fer, inconscient des éclats qui s'enfonçaient dans sa peau. Il ne pouvait en entendre d'avantage. Dans un mouvement de cape, il se dirigea vers la sortie, laissant les villageois apeurés se bousculer sur son passage.
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Ce texte à été corrigé et conseillé par une super bêta-lectrice : mes-fictions-fanfics.
N'hésitez pas à faire un tour sur son blog !
Jinsy, Posté le jeudi 15 février 2018 10:01
Ohhhhhhhhhhhh le jalouuuuuxxx😂😍!!!!